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5 décembre 2023 2 05 /12 /décembre /2023 11:15

 

                                 Delenda est Quinta Respublica

 

Le titre de cet article est celui d’un livre de Mitterrand et nous allons  voir qu’il usa par deux fois de l’article 12 pour son propre compte.

 

          En 58, la loi organique, qui fixait les modalités des législatives , en fit une élection individuelle à deux tours avec une petite garantie pour se rapprocher d’un duel en instituant que, pour se présenter au deuxième tour il fallait avoir obtenu au moins 5% des inscrits. Dans la foulée du coup  de force d’Alger, les gaullistes savaient qu’ils ne risquaient rien à admettre quelques concurrents, que leur allégeance à l’homme providentiel suffirait à les hisser à la première place.

 

         Après l’élection présidentielle de 1965 où de Gaulle n’atteignit pas la majorité absolue au premier tour, une certaine prudence se fit jour. Avant les prochaines législatives de 1967, la majorité gaullienne du Parlement haussa à 10% des inscrits le couperet du premier tour de façon à rester entre grandes factions au deuxième tour et avoir bonne chance d’être réélu.

 

         En 1974, élu Président à la suite de remous au sein des gaullistes, Giscard d’Estaing est porté vers plus de prudence encore, et porte le couperet à 12,5% des inscrits. Sa présidence est charnière. Jusque là, la vie politique est restée dans le sillon du coup d’Etat de mai 58 : le Président et le chef de la faction majoritaire de l’Assemblée se confondent. Mais la droite tend à se nuancer en droite gaulliste et droite multinationale tandis que la gauche, malgré la rupture du Programme commun, maintient son alliance électorale. Les législatives de 1978 tournent au duel et s’avèrent cruciales, suscitant des réflexions sur les institutions.

 

   Giscard d’Estaing, le 27 janvier 1978 : « Vous pouvez choisir l'application du programme commun. C'est votre droit. Mais si vous le choisissez, il sera appliqué. Ne croyez pas que le président de la République ait, dans la Constitution, les moyens de s'y opposer »

 

      Georges Vedel, Le Point, 6 février 1978 : « À partir du moment où le chef de l'État n'est plus le maître du gouvernement et le chef de la majorité, plus question de lire la Constitution selon la pratique de la Cinquième République, comme si tous les pouvoirs attribués au Gouvernement par les textes étaient en réalité à la disposition du président de la République »

 

         Finalement les 12 et 19 mars, quoique la coalition de gauche ait obtenu plus de voix que la coalition de droite, cette dernière obtient la majorité absolue des sièges et, comme le dit Vedel, la pratique de la Vème continue.

 

          Ce n’était que partie remise, à la présidentielle de mai 81 Mitterrand l’emporte et se trouve en face d’une Assemblée de droite. Malgré toutes les exhortations à la prudence de son entourage, le nouveau Président, politicien expérimenté, n’hésite pas et applique l’article 12. L’assemblée est dissoute, la nouvelle, élue les 14 et 21 juin, est à majorité absolue PS. le Président dispose pour 7 ans des pouvoirs législatif et exécutif. Et sans vergogne de la part du rédacteur du Coup d’État permanent, la pratique de la Vème continue :

 

         Cependant comme l’Assemblée n’est élue que pour 5 ans, Mitterrand en prévision des législatives de 1986 change les règles et instaure une élection à la proportionnelle par département. La mesure n’a pas suffi à compenser l’érosion due à 5 ans d’exercice du pouvoir, la coalition de droite emporte la majorité. Chirac devient Premier Ministre. La pratique de la Vème vire à la cohabitation.

 

         Sans doute par idéologie gaullienne, contre tout bon sens, Chirac efface le système électoral des législatives qui l’a amené au pouvoir et revient au système antérieur. Pain béni pour Mitterrand qui, vainqueur des présidentielles en 1988, dissout l’Assemblée de 1986  et retrouve une chambre à majorité de gauche. La pratique de la Vème continue.

 

         Cinq ans plus tard aux législatives de 1993,  même scénario qu’en 1986 : la nouvelle Assemblée est à majorité de droite et Balladur devient Premier Ministre. La pratique de la Vème vire à la cohabitation.

 

       Aux présidentielles de 1995, Chirac l’emporte et l ‘Assemblée étant à majorité de droite. La pratique de la Vème continue.

 

      Mais, devant sa popularité en baisse, Chirac, piètre politique, préfère anticiper les législatives : il dissout l’Assemblée de 1993 qui lui était favorable et se retrouve, en juin 1997, avec une chambre à minorité de droite.  Jospin devient Premier Ministre. La pratique de la Vème vire à la cohabitation.

 

        Cette période d’alternance est très instructive.  La pratique de la Vème est basée sur une chambre à la botte du Président. Au lendemain d’une présidentielle, si nécessaire et si possible, l’article 12 en plaçant des législatives dans la foulée de la présidentielle, aboutit à ce résultat. Sinon le coup d’État permanent s’enraye.

 

           Entre cohabitants on finit par bien s’entendre, nos deux larrons Chirac-Jospin tirent la leçon des événements en deux temps :

  le 24 septembre 2000 le mandat présidentiel est ramené par référendum à 5 ans avec une forte majorité des exprimés, mais avec un nombre considérable d’abstentions et de blancs.

   la loi organique du 15 mai 2001 inverse le calendrier électoral et place les élections législatives immédiatement après la présidentielle.

 

Le coup d’État permanent est institutionnalisé. La pratique de la Vème et son cortège de petits despotes sont pérennisés.

 

 

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28 janvier 2023 6 28 /01 /janvier /2023 10:29

 

 

                          Delenda est Quinta Respublica

 

 

Ce texte est la présentation d’une vidéo prise en charge par l’ITS, intégrée dans un ensemble intitulé Mémoires vives du PSU et placée sous le lien

          https://vimeo.com/showcase/9968044

 

 

 

L’Institut Tribune Socialiste (ITS), qui a pour objet d’entretenir et de mettre à la disposition de tous le patrimoine intellectuel du PSU, a décidé de recueillir les souvenirs de militants de ce parti, sous forme de videos regroupées sous le sigle Mémoires vives du PSU. À ce titre, j’ai été invité à rappeler La vie et la mort du courant communiste autogestionnaire (1974 à 1980) dont j’ai été le créateur et un des animateurs.

 

Cette courte période se situe dans la grande transition qui en gros commence à la Deuxième Guerre Mondiale et au cours de laquelle les forces productives électriques ont peu à peu remplacé les forces productives mécaniques. Le mode de production aux mains de la bourgeoisie a cédé la place à celui d’aujourd’hui aux mains de la classe compétente. On est passé d’un monde de nations à un monde de multinationales. Ce passage a été marqué de grands événements politiques : la décolonisation, le mouvement de Mai 68, l’effondrement du système soviétique.

 

Dans la vidéo, avant d’en venir au sujet principal, on évoque d’abord mon cheminement personnel, politique et syndical qui a débouché sur la création du courant au moment même où Rocard et la Deuxième Gauche rejoignaient le PS (Assises du Socialisme- octobre 1974). Petit moment clé où, malgré leur aversion réciproque manifestée en Mai 68, ceux qui souhaitaient remplacer la bourgeoisie par l’autogestion rejoignaient  la Gauche socialiste qui depuis un siècle travaillait à la remplacer par le pouvoir du Parti. Une majorité du PSU n’a pas suivi son secrétaire général et a continué  la lutte pour un socialisme autogestionnaire.

 

Telle était la situation dans laquelle le courant est apparu au congrès d’Amiens (décembre 1974) en développant son analyse sur la nouvelle division sociale du travail qui porte en avant la classe maîtresse de la gestion au dépens de la classe bourgeoise, maîtresse de la production. Surtout en ajoutant que le PSU était le parti de cette future classe dominante se proclamant compétente, c’est à dire apte à décider, et que le Manifeste du PSU était l’exposé d’un système politique qui assurerait le pouvoir des cadres.

 

Paradoxalement, ceux qui étaient restés n’ont eu de cesse que d’essayer de rapprocher le PSU de l’Union de la Gauche, prétendant que cette  dernière évoluerait vers leur position socialiste autogestionnaire grâce aux luttes sociales encore très vigoureuses dans cette période. Comme vous le verrez dans la video, le courant, menant  le combat en faveur d’un PSU parti des exploités, a dénoncé toutes les tentatives ridicules d’entente avec l’Union de la Gauche moribonde et souligné les méfaits de la stasicratie (pouvoir du Parti devenu classe dominante). Au PSU, ceux qui regardaient au delà d’une stricte lutte anti-bourgeoise ont été rejetés, ce qui a conduit assez rapidement à la disparition de ce parti devenu inutile.

 

Bonne écoute d’un moment d’histoire de l’installation progressive de la société actuelle, marchandisée. automatisée, numérisée et finalement déshumanisée.

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13 juin 2022 1 13 /06 /juin /2022 18:00

                                       Delenda est Quinta Respublica

 

Plus de la moitié du corps électoral a signifié hier qu’il refusait de participer à un processus électoral, institué depuis 60 ans, dans lequel la France s’enlise de plus en plus.

 

Si le gouvernement n’arrête pas cette mascarade, nous aurons dimanche prochain 577 députés-despotes parmi lesquels plusieurs auront été élus avec moins de 12,5% des voix du corps électoral de leur circonscription et participeront, pendant 5 ans, à part entière au vote de nos lois.

 

Hier soir à la télévision, j’ai vu et entendu des commentateurs médiatiques, des candidats, des politiciens de tous bords, qui échangeaient leurs considérations, qui analysaient les résultats, qui parfois s’invectivaient, comme s’il s’était agit d’un processus démocratique. Aucun n’a émis la moindre restriction devant des nombres de voix mettant en évidence l’écart entre ces nombres et leurs conséquences dans la suite du processus. J’ai même entendu Mélenchon déclarer qu’il accepterait le verdict du second tour.

 

C’était au contraire le moment de dire que, même si ce verdict lui était très favorable, il enclencherait le processus des réformes institutionnelles prévues dans le programme de la NUPES, c’est à dire l’instauration de la proportionnelle et son application immédiate après dissolution de l’Assemblée.

 

Souhaitons que dimanche prochain le peuple français persiste et signe son refus de ce système qui déshonore notre pays qui se flatte d’être démocratique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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6 juin 2022 1 06 /06 /juin /2022 11:11

                                            Delenda est Quinta Respublica

 

La nécessité pour Macron de se démarquer de son premier mandat a mis en ébullition la marmite politicienne et chacun fait de belles annonces. Faut-il y croire ? ou analyser la position de chaque force politique dans le champ des luttes des classes de la période, comme je vais tenter de le faire. Cette analyse s’appuiera sur la constatation principale développée dans mes précédents articles : après plus d’un siècle d’existence la capitalisme a évolué depuis 1945 vers le gestionnisme qui en France est maintenant dominant. Le problème revient à chercher quelles sont les classes du gestionnisme et quels partis propagent leurs projets.

 

LA SITUATION EN MAI 68 ET SON EVOLUTION

On considérera d’abord la longue période de transition marquée par le grand chambardement de Mai 68 dans lequel trois protagonistes ont révélé trois  grands axes politiques : le gouvernement de Gaulle, le Parti Communiste et les contestataires.

 

Le gouvernement de Gaulle

 

Gouvernement à majorité gaulliste sans la moindre velléité de faire cesser la domination capitaliste de la bourgeoisie, il remporte la bataille politique mais accumule les concessions à la classe ouvrière et doit compter avec l’atlantisme des républicains indépendants. Il entame une longue marche derrière les pérégrinations de Chirac, qui conduiront, d’abord à la noyade gaulliste dans Maastricht, puis au refus d’appliquer le référendum de 2005, enfin à assembler autour de lui, sans réelles perspectives nationales, les forces bourgeoises contre le candidat  Jean-Marie  Le Pen. Les cohabitations avec le PS et son européisme montrent son peu d’hostilité au gestionnisme dans lequel sombre petit à petit ses militants ressentant les effets de la disparition de la bourgeoisie nationale

 

Le Parti Communiste

 

Adepte léniniste d’un mode de production qui a eu une influence considérable et même parfois victorieuse contre le capitalisme, il s’est trouvé dans une position inconfortable devant l’apparition d’un autre ennemi du capitalisme qu’il n’avait pas prévu et qui lui ravissait sa place de seul opposant. Son attitude hostile au mouvement a éloigné de lui une partie de la classe ouvrière. C’était le début de sa perte d’influence dans la vie politique.

 

Les contestataires

 

L’étincelle, née à la faculté de Nanterre, s’est répandue à la Sorbonne et à enflammé tout le milieu universitaire. La contestation étudiante porte sur l’ensemble de l’ordre bourgeois dans une totale radicalité. De violentes manifestations émaillent sa progression et font surgir un trio inconnu : Cohn Bendit, Sauvageot et Geismar qui deviendront les interlocuteurs du gouvernement. Cohn Bendit par son sens de la provocation sera la cible privilégiée du pouvoir et du Parti Communiste.

 

Après la grande manifestation du 13 mai, les travailleurs entrent dans le mouvement par la multiplication de grèves illimitées. La jonction avec les étudiants sera combattue par la CGT et le PC, ce qui permettra au gouvernement de se maintenir jusqu’aux jours d’une possible négociation sur les revendications ouvrières. Quels sont les forces qui ont émergées ?

 

    Les groupuscules - Ils poursuivent l’agitation mais, sans perpective originale, ils en reviennent au léninisme qu’ils prétendent conserver dans sa pureté originelle hors de la déviation stalinienne. Malgré leur militantisme, ils ne réussiront pas à entraîner le monde du travail et finiront dans un rôle politique très mineur.

 

    La CFDT - De création toute récente à partir d’une sortie de la CFTC, la confédération syndicale est aux premières loges de la contestation et fut la seule à offrir un débouché politique : l’autogestion. Ce mot mal composé eut un avenir certain. Il est très symptomatique qu’au lieu d’en appeler à l’autonomie des entreprises, la CFDT invente ce mot nouveau pour signifier que les travailleurs ne veulent pas la propriété de l’entreprise mais exigent d’en assurer la gestion à la place des patrons jugés incompétents. On est en plein gestionnisme.

Le mot autogestion perdra son caractère magique, mais la confédération poursuivra une ligne moderne en faveur des exploités pour devenir la principale organisation syndicale supplantant la CGT.

 

    Le PSU - Il s’est constitué quelques années auparavant par la fusion du PSA et de l’UGS, deux organisations qui se sont retrouvées dans la lutte contre la guerre d’Algérie. On peut dire que ce fut le seul parti de forme traditionnelle à se jeter dans la contestation en communion avec les étudiants. Il regroupe, en plus atténuée, la même mouvance que celle les groupuscules et il subit des attaques de toutes parts pour la multiplicité de ses tendances. Son évolution sera marquée par la sortie successive des plus radicaux du moment.

Venu du PSA, Rocard en assure le secrétariat général. Il se présente à la présidentielle de 1969 où il recueille un peu plus de 3%, pas tellement moins que le tandem Deferre-MendèsFrance. Deux textes d’orientation s’affrontent au congrès de Toulouse (1973). La majorité menée par Rocard présente le Manifeste du PSU qui se veut le texte de référence du “socialisme autogestionnaire“. La minorité dans son texte “Vers le communisme“ dénonce l’autogestion comme le pouvoir des cadres et souhaite une orientation en faveur des plus défavorisés, porteurs du communisme.

Après le soutien complet à la lutte des travailleurs de Lip,  les discordes se raniment face à la présidentielle de 1975. Les rocardiens souhaitent soutenir Mitterand, la minorité propose une candidature Piaget. Battue, cette minorité quitte le PSU et finalement le courant Rocard épaulé par des militants cédétistes forment ce que l’on appelle “la deuxième gauche“ qui entre au PS. C’est le moment où je comprends que le PSU est l’expression d’une nouvelle classe : la classe compétente, classe dominante du gestionnisme en marche. Elle n’est anticapitaliste que pour prendre la place des propriétaires dans la gestion des entreprises, puis dans celle de la société.

En même temps quelques militants autour de Brice Lalonde commencent un regroupement en faveur de l’écologie et présentent la candidature Dumont à la présidentielle.

Le PSU disparaît en 1986, n’ayant, pour ainsi dire, rien à offrir en dehors de l’écologie ; il cède sa place à ceux qu’il avait eu le temps d’influencer.

 

 

    Le PS - En 1968, la SFIO au passé prestigieux est à bout de souffle. Elle succombe l’année suivante et, en 1971 au congrès d’Epinay, ses résidus fusionnent avec les Conventionnels pour former le PS qui élit au Secrétariat général, Mitterrand nouveau converti au socialisme. Ce parti, malgré ses prétentions, n’est pas le successeur de la SFIO de Jaurès ou de Blum, c’est un conglomérat disparate qui saura jouer de cette ambiguïté pour attirer tout ce qui bouge. En particulier, en 1974, il intègre la “deuxième gauche“ dont le leader Rocard espère peut-être un avenir politicien rapide. C’était compter sans le florentinisme de Mitterrand.

En 1981, son gouvernement prend des mesures anticapitalistes qui seront vite abandonnées au profit d’une sagesse libérale. Les cohabitations avec Chirac se passent sans heurt et les deux compères se précipitent dans les bras de l’UE. Avoir des socialistes adeptes de la concurrence libre et non faussée ne gêne en rien ni Jospin ni Hollande, ainsi va le PS de plus en plus au service des multinationales.

 

    Les écologistes - Ils forment plutôt une mouvance qui cristallise en petites formations changeantes au cours de la période. Ils résistent cependant et doivent être considérés comme l’avant-garde du gestionnisme. Ils attaquent le capitalisme à sa base : la croissance.

 

LA SITUATION ACTUELLE

 

On a vu dans le précédent article que la division sociale du mode de production gestionniste pouvait être, selon JK Galbraith,  résumée, en deux systèmes : un secteur planifie la société et exploite l’autre à son profit par des contrats de sous-traitance léonins ; le second “de marché“ est composé de petites entreprises dirigées par leur propriétaire. Ce découpage est mondial, les multinationales maximalisant leurs profits sans se soucier des frontières au nom de la libre circulation des capitaux et des marchandises.

 

Le gestionnisme domine, mais subsistent encore des restes de capitalisme.

    LR - Les entreprises du capitalisme étaient dirigées par la bourgeoisie dont les partis gaullistes étaient une des expressions. Au fur et à mesure de l’introduction du gestionnisme, la bourgeoisie s’est scindées en deux : la petite dans le système de marché, la grande se fondant dans les actionnaires du système planificateur. Cette transformation a provoqué le long effritement des partis sous la bannière de Chirac. Aujourd’hui, il ne reste plus que LR, parti du  résidu de la force capitaliste bourgeoise. Sans avenir, il oscille entre le secteur de marché (RN) et les actionnaires (Macron)

Le P.C. - Le parti communiste français tirait son  influence de sa défense de la classe ouvrière. Avec l’automatisation des entreprises et la sous-traitance dans les pays à faible coût de main d’oeuvre, cette classe s’est sans cesse amenuisée et ne constitue plus un socle conséquent pour un projet de société. Le PC  ne conserve plus que son rôle de défense des exploités, une sorte de CGT bis.

Le système planificateur

 

Les forces politiques attachée au système planificateur ont vu le jour après la grande levée des boucliers anticapitalistes. Comme ce système, elles se rattachent à une vision mondialiste des problèmes.

 

Le P.S. - Né en 1971, il amalgame des cadres modernistes (les conventionnels) et des résidus socialistes. Très rapidement, il absorbe la “deuxième gauche“ qui lui apporte l’appoint des compétents d’un gestionnisme dans ses débuts, mais qui fera de lui, tout au long de sa croissance, le parti de la “bureaucratie des sociétés anonymes“. Son duo avec les partis chiraquiens représente la nécessaire collaboration entre un système national de production  et le système planificateur, tant que ce dernier reste faible. Mais le PS n’hésite pas, dès que possible il se se précipite dans l’européisme, relai vers le mondialisme des multinationales.

    Hollande se déclare l’ennemi de la finance mais il appelle au gouvernement Macron, homme de chez Rothschild et prend comme Premier Ministre Vals qui s’écrit « j’aime l’entreprise ». Tout le PS est dans ce flou entretenu pour camoufler son gestionnisme qu’il élargit à la défense de la nature.

 

    Les écologistes - En tant que gérants de l’environnement, ils sont mondialistes et s’accomodent fort bien du gestionnisme qu’il souhaite encore plus vigoureux. Récemment ils parlent de le concilier avec les intérêts des classes exploitées, mais comment ? A leur début, Dumont se déclarait favorable au socialisme autogestionnaire. Aujourd’hui Jadot peut s’allier avec Faure.

 

La France insoumise - Créée en 2016, elle est difficile à situer. Le principal repère est la carrière politique de Mélanchon qui débute en 1968 dans la contestation. Il est membre de l’OCI, groupuscule trotskiste des plus doctrinaires, en 1976 il entre au PS tendance Mitterrand dont il se détache vers la gauche, en 2008, il quitte le PS pour fonder Gauche qu’en 2016, il élargit dans La France insoumise. Insoumise à quoi ? Probablement à la ligne du PS jugée trop éloignée du petit peuple. Lointain héritier des contestataires, laFI est le parti de défense les employés du système planificateur, car pour s’accaparer le travail intellectuel, il n’en faut pas moins disposer d’un petit personnel.

 

L’entente électorale, la NUPES, trouve sa cohésion dans son appartenance au système planificateur, mais elle rassemble, si j’ose dire, les nobles et les serfs ou les maîtres et les esclaves. Cette contradiction s’est clairement manifestée lors des négociations du premier tour des présidentielles. Elle n’a pas disparu et les macroniens soulignent l’européisme des uns et le peu d’enthousiasme des autres vis à vis de l’UE. Il est peu probable qu’elle amène Mélanchon au poste de Premier Ministre, car on ne peut pas dire que la NUPES soit le résultat de l’appel au Tiers Etat, censé le porter à cette fonction.

 

LERM - On remarque que ce parti (si on peu vraiment parler de parti) est créé au même moment que la France Insoumise. Ils sont aux deux extrêmes du système planificateur. La République En Marche cache bien son jeu, en marche vers quoi. On ne sait. De toute façon elle n’est ni de droite ni de gauche ; autrement dit, elle ne sert à rien, au mieux elle est conservatrice. Pour moi, si elle représente un groupe, ce serait les rentiers du système planificateur, les actionnaires des multinationales. Ils n’ont pas besoin d’apparaître dans la nation : le partage des bénéfices tirés au niveau mondial leur suffit. Ils ont leurs organisations, les banques, et il est conséquent que Macron ait fait ses armes chez Rothschild.

 

Le système de marché

 

C’est lui le travailleur matériel de la société dans des perspectives fixées par le système planificateur. Il est formé de petites entreprises où les propriétaires n’ont pas délégué le pouvoir de gestion à des “employés rémunérés“. Il comprend aussi le petit commerce, l’artisanat, les paysans qui, avec les progrès de la numérisation, sont dans l’obligation de gérer leur activité suivant les règles des petites entreprises.

 

Le mouvement poujadiste fut la première manifestation du refus de la tutelle planificatrice des grandes surfaces en voie de développement. Son succès électoral en 1956 avec le slogan « sortez les sortants » permet à Jean-Marie Le Pen de parfaire sa formation politique et, en tant que député, de se donner une stature nationale. Ce fut un feu de paille et la carrière politique de premier plan de Pierre Poujade ne dépassa guère 1958.

 

En revanche, Jean-Marie Le Pen « sollicité par le mouvement nationaliste Ordre nouveau, participe en 1972 à la fondation du Front national (FN), dont il prend la présidence. » (wikipédia). Pendant de longues années, il poursuivra cette ligne que médias et politiciens qualifieront d’extrême-droite. Sa personnalité et ses provocations alimenteront en arguments ses adversaires, mais finiront par en faire un recours pour les mécontents du petit peuple, se substituant ainsi dans ce rôle à un PC déboussolé par la pérestroïka. A la consternation des politiciens, Jean-Marie Le Pen accède au second tour de la présidentielle de 2002.

 

Cette divine surprise pousse le FN à se débarrasser de l’étiquette “extrême-droite“, mais le patriarche tient à conserver la même image. En 2011, sa fille lui succède et petit à petit atténue les points les plus brûlants. En 2012, elle change le nom du parti pour en faire le Rassemblement National. Dans l’éventail politique toutes les places sont prises. Sans même théoriser cette évolution, le RN passe de parti du petit peuple mécontent des planificateurs à parti du sytème de marché où il retrouve les catégories qui ont soutenu le poujadisme. C’est presque un retour au source.

 

Cette base sociale solide donne de bons espoirs au RN dont les opposants ne peuvent plus crier à l’extrême-droite. Sa présence au second tour des présidentielles est bien l’expression de cette solidité. Il lui sera cependant difficile de se hisser à la première place pour deux raisons :

  le système de marché n’existe que par le système planificateur qui lui sous-traite les activités matérielles et le maintient hors du travail intellectuel de gestion,

    le système planificateur a tendance à passer ses sous-traitances hors de France dans les pays à faible coût, donc à réduire le système de marché national

 

LA COALITION RN-laFI

 

Le système planificateur tire une partie de ses bénéfices de contrats de sous-traitance à son avantage, tous ses composants sont plus ou moins des exploiteurs. JK Galbraith avait déjà remarqué que les employés des technostructures étaient dans une situation plus enviable que les ouvriers de la production.

Les patrons des petites entreprises sont exploités par la sous-traitance, mais par rapport à leurs ouvriers, s’ils en ont, ils sont en position d’exploiteurs. L’audience du RN est peu marquée par cette contradiction interne d’un système de marché français  dont les composants comprennent beaucoup d’entreprises familiales dispersées dans les campagnes.

 

La coalition RN-laFI n’est pas exempte d’ambiguïté , mais si on regarde les résultats du premier tour des présidentielles, on voit que laFi fait de bons scores dans les villes et le RN dans les campagnes. La coalition de ces deux forces au second tour des législatives a des chances de dépasser les macroniens à la fois dans les villes et dans les campagnes, donc d’obtenir la majorité absolue des sièges. Pour ce faire, il faudrait que laFI et le RN se mettent d’accord pour que celui de leurs candidats, qui arrive derrière l’autre au premier tour, se retire du second.

 

C’est peut-être un rêve, mais c’est la seule solution pour freiner politiquement le système planificateur mondialiste et pour remettre les exploités de la nation au centre de la politique. Remarquons que cette coalition réunit tous les citoyens dépourvus de pouvoir de gestion dans l’actuel mode de production et d’échange, le gestionnisme. On peut presque dire qu’ils font partie des modernes “damnés de la Terre“. Hommes et femmes privés des attributs du citoyens par les institutions et leurs modes de scrutin iniques, ils sont comme le Tiers États à la veille de la Révolution de 1789.

Cette coalition est aussi le plus sûr moyen de se protéger des méfaits d’un président-despote qui règne selon son bon plaisir avec pour devise “telle est la loi que j’ai fait voter par une Assemblée Nationale à ma botte

 

 

 

 

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20 mai 2022 5 20 /05 /mai /2022 12:50

                                    Delenda est Quinta Respublica

 

La période électorale a réanimé la politiciennerie française. Les grands mots volent : démocratie, écologie, pouvoir d’achat, de gauche, capitaliste, … On ne sait pas très bien le sens que leur donnent ceux qui les profèrent, mais cela n’a aucune importance vu le système électoral que nous subissons depuis soixante ans. La question n’est pas le sens des mots mais celle de la personne qui les emploie. Les débats politiques ont disparu avec la transformation des partis en simple machine à se faire élire. On ne réfléchit plus, on communique. Comment en est-on arrivé là ?

 

L’évolution du capitalisme

 

Dans une citation que je rappelle souvent, Engels remarque en 1880 que le capital a tendance à se collectiviser :

   «Appropriation des grands organismes de production et de communication, d’abord par des sociétés par actions, puis par des trusts,  ensuite  par  l’État.  La bourgeoisie  s’avère  comme une classe superflue ; toutes ses fonctions sociales sont maintenant remplies par des employés rémunérés.»

      Socialisme utopique et socialisme scientifique, Éditions sociale, 1973 - p. 120

Ce processus de collectivisation du capital a continué et continue encore.

 

La création de moyens de production et d’échange de plus en plus performants augmente le rôle des employés rémunérés dans le travail intellectuel au sein des entreprises (conception et contrôle) tandis que les actionnaires qui leur ont délégué leur pouvoir tendent à se comporter en rentiers.

 

Grâce aux progrès technologiques, on est, dans cette course vers une production de masse, passé d’usines complexes, centralisées autour de machines à vapeur, à des ensembles d’unités, dispersées et alimentées en énergie par un réseau électrique ou par des moteurs à explosion. Ce changement demande des bureaux chargés de coordonner ces ensembles, en particulier pour l’alimentation en matière première et pour l’écoulement des marchandises créées. La gestion de la production s’autonomise et devient première au sein même des entreprises

 

Le gestionnisme

 

De plus, après 1945, apparaissent les machines électroniques qui vont amplifier les évolutions de la production et de la division sociale du travail par l’automatisation des processus de fabrication, qui réduit le poids de la main d’œuvre ouvrière et augmente celui des employés rémunérés coordonnateurs. Les répercutions s’en font sentir dans la société entière qui, en Mai 68, se soulève contre l’ordre établi :

   « ... C’est aujourd’hui l’invention des “systèmes d’informatique”, liés à l’ordinateur qui, remettant fondamentalement en cause les modes de transfert, l’assemblage des éléments de décision, et la répartition des pouvoirs intellectuels, dans la plupart des disciplines, rend possible la critique radicale de la société industrielle traditionnelle. »

          J-J. Servan-Schreiber, Le défi et la renaissance, l’Express n°883 20-26 mai 1968

 

Autrement dit : le travail intellectuel de décision aidé de l’informatique prend la production sous sa coupe dans l’industrie et les services. La classe des employés rémunérés est aux portes du pouvoir. Mai 68, mouvement social le plus important du 20ème siècle, révèle la montée d’un nouveau mode de production, le gestionnisme et d’une nouvelle classe dominante.

 

Cette évolution historique cruciale n’est pas passée inaperçue aux yeux des analystes de l’époque. On a parlé de l’ère “des organisateurs“ (Burnham, 1941), “de la nouvelle classe ouvrière“ (Mallet, 1967) , “de la nouvelle petite bourgeoisie“ (Poulantzas, 1974), personnellement “de la classe compétente“ (dès 1974) , “de technostructures“ et, plus tard dans son ouvrage « Les mensonges de l’économie », “de la bureaucratie des sociétés anonymes“ (JK Galbraith, 1967 et 2004), …

 

Système planificateur et système de marché

 

Dans son ouvrage La science économique et l’intérêt général publié en France en 1974, J.K. Galbraith développe sa vision des sociétés modernes qu’il considère comme divisées en deux systèmes : le premier « planificateur », le second « de marché ». Ce schéma est très intéressant et, à mon sens, précise le gestionnisme.

     « En fait, c’est à une véritable métamorphose de la société économique que l’on assiste. L’instrument déterminant de cette transformation n’est ni l’État, ni l’individu, c’est la société anonyme moderne.... Mais le point de départ qui en détermine de bout en bout le déroulement, c’est la technologie et son associée, plus importante encore l’organisation » ( p. 58)

    « Dans les industries où une structure d’organisation est inapplicable ou inefficace, la firme conserve la taille qui permet à un seul individu d’assurer la direction, voire l’exécution, de ses opérations. »(p. 62)

     « On exagèrerait à peine en disant que les affaires, dans le système planificateur, consistent essentiellement à négocier des contrats » (p. 161)

        J.K. Galbraith - La société économique et l’intêt général, NRF, Gallimard, 1974

 

Ainsi, un secteur planifie la société et exploite l’autre à son profit par des contrats de sous-traitance léonins ; le second “de marché“ est composé de petites entreprises dirigées par leur propriétaire, soit le capitalisme dans ses débuts.

 

Dans un prochain article, on examinera les conséquences politiques de ces évolutions et nous verrons que la coalition RN-laFI est moins contre-nature que la NUPES. Elle correspond au Tiers-État appelé à la rescousse par Mélenchon au soir du plébiscite-présidentiel. Par désistement réciproque au deuxième tour des législatives , cette coalition est notre seul recours pour éviter la majorité absolue des godillots de Macron à l’Assemblée nationale.

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16 mai 2022 1 16 /05 /mai /2022 10:33

                               Delenda est Quinta Respublica

 

                           candidat……………..……voix…………………........... ……%inscrits………........%exprimés………    

      ..........

          J-L Mélenchon .................7 712 520...............................................15,82 ................................... 21,95

 

                   Y. Jadot .......................1 627 653....................................................3,34.........................................4,63

 

                  F. Roussel.........................802 422.....................................................1,65…………………………2,28

 

           Mme A. Hidalgo.................616 478.....................................................1,26..........................................1,75

 

 

  Tels sont, au premier tour du plébiscite-présidentiel, les résultats de la brochette de partis qui se croient, et que les médias disent, “de gauche“ et qui ont au second tour appelé à voter Macron, autrement dit pour la droite. La contradiction ne les trouble pas. Les voila qui cherchent des accords pour constituer une union populaire, … Non seulement ils se croient de gauche mais maintenant se présentent comme les ténors unis des intérêts du peuple. Si on voulait bien examiner la division sociale de la France, on verrait que cette union est une alliance des carpes et du lapin, où tous sont plus ou moins de droite. Et où les carpes jouent leur survie électorale après le coup de semonce du premier tour.

 

Les péripéties des négociations actuelles sont avant tout financières, car le financement des partis dépend du nombre de voix obtenues au premier tour des plébiscites-législatifs (au moins 1% dans au moins 50 circonscriptions), auquel s’ajoute une dotation attribuée par l’Assemblée à chaque groupe d’au moins 15 députés. Il faut donc se partager les circonscriptions de façon à ce que chaque membre de l’union en ait au moins 50 et que parmi elles au moins 15 offrent l’espoir d’être en tête au deuxième tour. Véritable quadrature du cercle dans laquelle la FI se taille la part du lion. Beaucoup de militants de chacun des partis se trouvent éliminés au profit d’un candidat de l’union, la grogne va monter d’autant qu’il n’est pas assuré que ces sacrifices apporteront le résultat espéré : devancer les godillots.

 

Sortons de la confusion des idées reçues. Après les 60 ans de dépolitisation due à la Vème République, la tâche est immense, tant les politiciens ont manipulé le sens des concepts classiques pour cacher au peuple leur véritable nature de classe. Commençons par droite-gauche. Historiquement, le 11 septembre 1789, à propos du maintien du veto du roi dans la constitution, les députés se sont comptés en se rangeant en deux groupes : à la gauche du président de l’assemblée ceux qui étaient contre, à sa droite ceux qui étaient pour. D’un coté se sont trouvées les classes ou couches aliénées, dépourvues de pouvoir politique (le tiers-état), de l’autre les privilégiés qui se le partageaient (la noblesse et le clergé).

 

Le qualificatif “de gauche“ est ambigu ; déjà le tiers états de 1789 englobait deux classes principales les paysans et les bourgeois. La classe paysanne, classe exploitée, lutte contre la noblesse, classe dominante, pour améliorer ses conditions de vie. La classe bourgeoise à de toutes autres ambitions, elle s’attaque à la noblesse pour la remplacer et inaugurer un nouveau mode de production, le capitalisme.  Ce même ennemi entraîne une certaine alliance, surtout que dans sa  lutte pour remplacer la noblesse, la bourgeoisie mêle à ces attaques certaines revendications paysannes, ne serait-ce que pour s’assurer le soutien de la majeure partie de la population.  Le droit de veto du roi est un bon exemple d’ambiguïté. Le roi est le plus noble des nobles ; tout le tiers état a intérêt à diminuer son pouvoir. Pour la bourgeoisie c’est une avancée essentielle, pour les paysans c’est loin de leurs préoccupations immédiates. Certains historiens ont remarqué que, l’abolition des privilèges ayant été décrétée quelques jours auparavant, la question du veto ne présentait plus d’urgence pour la paysannerie.

 

Depuis, “de gauche“ s’est appliqué à qui s’oppose à la classe dominante, mais il vaut mieux en connaître les véritables motivations pour ne pas tomber de Charybde en Sylla. A partir de la création des syndicats, le problème se clarifie. Les syndicats, véritables partis prolétariens, qui prennent en charge la défense les conditions de vie des exploités, sont “de gauche“ ; les partis, porteurs des projets politiques, sont, ou “de droite“ conservateurs partisans du mode production en place, ou “de gauche“ progressistes partisans d’un mode de production en devenir. Mais, les modes de production se succèdent, un parti “de gauche“ à une époque devient “de droite“ ultérieurement, s’il subsiste lorsque son projet est réalisé.

 

Le mode de production actuel est le gestionnisme dont Mai 68 a révélé la poussée contre le capitalisme sur le déclin. Quelle furent alors les positions des partis de Union populaire, … et leurs évolutions depuis ?

 

   Le PS, né au congrès d’Epinay en 1971 des résidus de la SFIO décédée en 1969 et des conventionnels, puis complété de la “deuxième gauche“ en 1974, se situe dans la mouvance de Mai. Il est alors plutôt “de gauche“ modérée en faveur du gestionnisme en progression. Son arrivée au pouvoir avec le gouvernement Mauroy montre un anticapitalisme de courte durée qui fait place à un progestionnisme conservateur, avec Rocard, Premier Ministre, comme cela transparaît aussi dans son adhésion à l’UE.

   Les écologistes, issus de militants du PSU vers 1974, s’opposent dés cette époque au capitalisme dont ils sapent la base la plus solide, la croissance. Ils sont alors le fer de lance du gestionnisme, fer qui perd de sa nécessité avec la progression de ce dernier mode de production. Mondialistes convaincus, ils sont aujourd’hui conservateurs.

    Les communistes sont théoriquement attachés au mode de production de type soviétique mais l’absence de perspective de ce projet les place “de gauche“, sorte de CGT bis.

  La France insoumise de fondation récente est difficile à décrypter. Son modernisme en fait une force du mode production actuel sans autre perspective qu’une défense des intérêts immédiats des classes aliénées dont fait partie la petite bourgeoisie. Il y a donc contradiction fondamentale  avec les proclamations anticapitalistes de ses militants. Son leader, Mélenchon a eu une carrière politique variée : début à l’OCI en 1968, puis long passage au PS (tendance Mitterrand jusqu’en 1986, ensuite plus à gauche), rupture avec ce parti jugé trop peu socialiste pour créer le Parti de Gauche en 2012, enfin création de la FI en 2016. Ce parcours montre que “de gauche“ de 1968 à 1976, il n’a pas compris que son anticapitalisme en faisait l’allié de la future classe montante devenue maintenant la classe dominante qu’il prétend combattre.

 

Cependant, dans son discours de la soirée électorale des résultats du plébiscite-présidentiel, Mélenchon n’a pas fait appel au peuple “ de gauche“ pour devenir Premier Ministre, Mais au tiers état ; ce qui est un peu étonnant et semble. montrer qu’il a senti qu’il doit rassembler des classes un peu antinomiques comme l’étaient la paysannerie et la bourgeoisie. Par antimacronisme, je lui souhaite bonne chance mais il faudrait qu’il la saisisse en changeant de discours, et ce n’est pas ses alliés actuels qui vont l’aider.

 

 

 

 

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8 mars 2022 2 08 /03 /mars /2022 10:45

 

                                                       Delenda est Quinta Respublica

 

Sous les IIIème et IVéme, le Président était élu par le Parlement, c’est à dire par l’assemblée qu’il présidait . Sous la Vème, le Président étant élu par l’ensemble des citoyens, il était difficile d’admettre sans rectriction les candidatures d’un quelconque citoyen. Dès 1958, est  instauré un collège chargé de parrainer les candidats au poste de président-despote ; des lois organiques fixent les modalités de sa composition et de son fonctionnement. Aujourd’hui, 23 lois se sont succédées en raison de changements dans au moins un des quatre paramètres principaux :

  le nombre minimum des parrains de chaque candidat

  la   composition du collège,

  la répartition géographique des parrains,

  la publicité du nom des parrains.

 

  Le rôle du collège de parrainage est d’éviter un trop grand nombre de candidats ou la présence de candidats indésirables. Comme les lois organiques sont de la compétence des instances politiques en place, leurs modalités correspondent à la vision du pouvoir sur la prochaine élection présidentielle. Quoi qu’il en soit, le clan qui gouverne a intérêt à limiter le nombre des concurrents.

 

En 1958, au lendemain du coup d’État, le collége electoral est élargi du Parlement aux maires et à certains conseillers municipaux ; sa composition a été mise dans la Constitution et le nombre minimum de parrainages fixés à 50.

 

     La loi organique n° 62-1292 du 6 novembre 1962

Elle donne le “la“ de la rédaction des 21 lois qui vont suivre et inaugure la valse des parramètres:

    La liste des parrainage est établie par le Conseil constitutionnel au vu des présentations …

   par au moins cent citoyens

  membres du Parlement, membres du Conseil économique et social, conseillers généraux ou maires élus.

 Une candidature ne peut être retenue que si, parmi les cent signataires de la présentation, figurent des élus d'au moins dix départements ou territoires d'outre-mer différents.

Le nom et la qualité des citoyens qui ont proposé les candidats inscrits sur la liste ne sont pas rendus publics.

 

Passant le nombre de parrainages de 50 à 100 signataires, cette loi traduit une légère érosion de la confiance des thuriféraires gaullistes dans la popularité de la Vème. Le référendum sur l’élection du Président par le peuple avait certes apporté l’approbation d’une large majorité des votants, mais sans atteindre la majorité absolue des inscrits en raison d’une forte abstention.

 

La composition du collége électoral ne figure plus dans la Constitution et la loi l’élargit au Conseil économique. Au cours des années, la liste des membres du collège électoral ira grossissant pour tenir compte des aménagements administratifs et politiques. Cette liste occupent aujourd’hui plus d’une page. Pour alléger cet exposé, on ne donnera pas ses variations, même si ce sont elles les grandes responsables de la multiplication des lois organiques. Ce n’est pas un point politique crucial.

 

En revanche, un petit paragraphe exige que les signataires proviennent d’au moins dix départements, ceci pour éviter que les départements urbains à forte population soient avantagés par le nombre de leurs conseillers. On soigne la France provinciale.

 

La publicité des noms des signataires est rejetée. On protège le sérail des effets néfastes d’un contrôle populaire, comme on le voit actuellement .

 

         La petite histoire

La prudence est mère de sureté. Giscard d’Estaing ne se faisait pas d’illusion sur son aura auprès du peuple ou des gaullistes. Ayant l’intention de se représenter, il n’a pas hésité : par la loi organique 76-528 1976-06-18,

les parrainages sont portés de 100 à 500,

les départements repréntés de 10 à 30,

les noms des signataires sont publiés.

 

Au lendemain de sa victoire, par la loi organique 83-1096 1983-12-20, Mitterrand gauchit les conditions en revenant à 1962.

    Mais, après les élections législatives de 1986, par  la loi organique 88-226 1988-03-01 Chirac devenu Premier ministre préfère, un mois avant la présidentielle, voir les conditions revenir à celles de Giscard. Il maintient cependant la non publicité des noms des parrains.

 

En 1990, sous le deuxième mandat de Mitterrand, Rocard étant Premier ministre, la loi organique 88-226 1988-03-01  rétablit la publicité des parrains. On est revenu à Giscard, la ferveur socialiste est tombée.

 

                                ****************

 

     À partir 1990, les 3 paramètres les plus politiques ne changeront plus. La guerre picrocholine entre  “socialistes et alliés communistes“ et “UNR, UDR, RPR et compagnie“  n’a plus de raison d’être après le règne de Mitterrand et le déclin du PCF. Les socialistes sont devenus liberaux et les gaullistes proeuropéens. Maastricht approche. Après leur cohabitation, le couple Chirac-Jospin renforcent la main mise de leurs clans sur les places : élections législatives dans le sillage de la présidentielle.

 

L’élection d’un homme va continuer à jeter ceux qui ne partagent pas son point de vue dans les oubliettes de la politique pendant 5 ans.

                   Inutile de voter, quel que soit l’élu,

ce sera un despote cumulant pouvoir exécutif et pouvoir législatif

 

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19 février 2022 6 19 /02 /février /2022 11:43

 

                                     Delenda est Quinta Respublica

 

Après avoir rappelé précedemment comment l’élection présidentielle substitue le pouvoir d’un homme au pouvoir d’une assemblée élue par le peuple, examinons le texte de la Constitution. Faite par un homme, pour un homme, à la suite d’un coup d’État, elle reste relativement prudente dans l’exposé des prérogatives du Président, sans doute pour ne pas trop heurter un peuple français habitué depuis un siècle et demi à des pouvoirs législatif et exécutif contrôlés par une Chambre de députés élus. On va passer en revue les quelques articles qui ponctuent les changements par rapport aux deux constitutions précédentes.

 

L’ordre des titres est modifié : la Vème commence par le Président, puis le Gouvernement, puis le Parlement. La rédaction de la IVème était inverse, ce qui traduit un certain état d’esprit.

 

Le rôle général du Président de la Vème, est résumé à l’article 5 :

Le Président de la République veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'État.

Il est le garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire et du respect des traités.

    Oui, mais comment fait-il, surtout quand c’est lui qui ne respecte pas ce rôle ? Déjà, on peut constater que tous les Présidents ont accepté les traités de l’UE qui déssaisissent le peuple français de compétences législatives. Ont-ils été par là des garants de l’indépendance nationale ?

 

L’article 6 détaille ensuite le collège électoral. qui élit le Président de la République. Sous la IIIème et la IVème, c’était logiquement le Parlement qu’il présidait. En 1958, c’était un collége plus étendu défini dans la Constitution, comprenant entre autres les maires et des conseillers municipaux. En 1962, ces dispositions ont été remplacées par :

Le Président de la République est élu pour sept ans au suffrage universel direct.

Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs.

Les modalités d'application du présent article sont fixées par une loi organique.

    Toute l’hypocrisie despotique est reportée sur une loi organique.

 

Le tour est joué. Pas tout à fait. L’article 12 précise :

Le Président de la République peut, après consultation du Premier ministre et des présidents des assemblées, prononcer la dissolution de l'Assemblée nationale.

    C’est l’article clé. Sous le titre La dissolution de l’Assemblée nationale, une arme présidentielle ?, le site vie-publique .fr , en précise le but : En cas de crise, il (le Pésident) dispose de la faculté de dissoudre l'Assemblée nationale afin de solliciter des électeurs la désignation d'une nouvelle majorité pour soutenir son action.

… Le Président peut prononcer la dissolution uniquement de l’Assemblée nationale. Pour cela, il doit consulter le Premier ministre et les présidents des deux assemblées, mais il n’est pas obligé de tenir compte de leurs avis.

    Qui l’eut cru ? Sous la Vème, le Président n’est pas obligé de tenir compte des avis. Pourquoi les demander ?

    L’Assemblée nationale débat sous l’épée de Damoclès de sa dissolution. Même si le Président n’a aucun rôle législatif, comme on le verra (article 39) , il peut imposer que toutes les lois votées aient son assentiment, puisque les membres de l’Assemblée sont devant l’alternative : “voter contre et être renvoyés dans ses foyers“ ou “se coucher devant la volonté présidentielle“.

    Cet article 12 a été utilisé en 1962 pour faire passer le référendum sur l’élection du Président de la République au suffrage universel direct. Il a aussi été utilisé à quatre reprises (1968, 1981, 1988 et 1997) à titre péventif pour disposer d’une Assemblée soumise.

   Depuis 1958, des réformes législatives ont eu pour objet de ficeler de plus en plus solidement l’Assemblée au Président, la dernière étant celle de Chirac-Jospin qui impose que les élections législatives aient lieu dans la foulée des présidentielles, rendant presque inutile l’article 12 utilisé à titre préventif.

 

Passons sur l’article 16 qui a fait couler beaucoup d’encre mais n’a jamais été appliqué, et pour cause puisque, quelle que soit la situation, le Président peut dissoudre l’Assemblée de son propre chef.

 

En revanche l’article 39, est un peu étonnant :

L'initiative des lois appartient concurremment au Premier ministre et aux membres du Parlement.

    L’étonnant vient ce de que la Vème, comme les IIIème et IVème, n’a pas cru nécessaire de donner cette initiative au Président, ce qui rend d’autant plus ridicule tous ces candidats et leurs cortèges de propositions législatives.

    En 2017, seul le candidat Asselineau s’était engagé à respecter la Constitution, en cantonnant sa campagne  à la sortie de l’UE au nom de son rôle de garant de l’indépendance de la France et en renvoyant l’exposé des propositions législatives de son parti (l’UPR) aux candidats des futures élections législatives. Il n’a guère eu d’échos.

   De fait,  la présidentielle, à l’encontre même des textes, se prononce sur des projets qui ne sont pas du ressort du Président. Elle choisit, au mieux le candidat d’un parti politique, mais possiblement le chef d’un clan, d’une faction ou d’un groupe, formés à cet effet.

 

Les institutions de la Vème qui devaient sortir la France des griffes des partis, a fait tomber le pays dans celles d’un prétendant-despote. Elles instaurent le despotisme d’un leader. Où est la démocratie ?

 

Cette vaste entourloupe est accentuée par les lois organiques.

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17 janvier 2022 1 17 /01 /janvier /2022 10:25

 

 

plébiscite : procédé par lequel un homme qui a accédé au pouvoir demande à l'ensemble des citoyens de lui manifester leur confiance, en se prononçant par oui ou par non sur un texte donné. (site larousse.fr)

 

                                                                 Delenda est Quinta Respublica

 

La présidentielle qui, dans la mythologie gaullienne, entérine une rencontre entre le peuple et une personne n’est, en fait qu’un plébiscite. Ayant limité au second tour le choix à deux candidats, elle demande à l’ensemble des  citoyens  de manifester leur confiance à l’un des deux, autrement dit à plébisciter l’élu et ses promesses. De son coté, le plébiscite a été souvent le moyen d’entériner un coup d’État car, comme le remarque tous les analystes, le vote sur une question est utilisé par les électeurs pour manifester leur opposition ou leur approbation à celui qui la pose.

 

L’une comme l’autre sont dangereux car, limitant les éventualités à deux, ils font en sorte que la solution choisie ait la majorité absolue et ne souffre plus la moindre délibération. C’est le contraire de la démocratie, ce que prouve amplement tous les exemples historiques. En 1962, les opposants aux propositions de de Gaulle n’ont pas manqué de le souligner, en particulier en citant la prise de pouvoir de Napoléon III.

 

Ce coté plébiscitaire de la Vème République a présidé à son installation et, de plus, a été inscrit dans les institutions. Tous les 5 ans nous sommes conviés à plébisciter un nouveau despote pour une nouvelle période de 5 ans. Ce régime a été très justement qualifié de coup d’État permanent puisqu’il prévoit des plébiscites périodiques sous forme d’élection d’un président. Entre temps, le pays vit dans une absence permanente de délibérations sur les décisions du despote en place.

 

Cette absence conduit au dépérissement de la politique. Les partis en tant que lieu de débats sur les contradictions sociales n’ont plus de raison d’être. Ils sont devenus, comme on peut le constater, de simples clubs au service de l’ambition de leur président. Les mécontentements populaires ne peuvent plus s’exprimer que par des flambées de violence contre le despote.

 

Toute critique de l’action du président est immédiatement rejetée par la réponse “il a été élu“, comme si une élection, quelle que soit sa forme, était un blanc-seing. Certes il a été élu, mais comment ? Grâce à une présidentielle qui commence par ignorer les votes  d’au moins la moitié des citoyens pour ne laisser le choix qu’entre deux minorités dont l’une rejoindra les rejetés du premier tour dans les oubliettes. Au bout du compte, il ne reste qu’une minorité du peuple derrière le vainqueur, ce qui ne l’empêche pas de parader dans un show télévisé, comme celui de Macron dans la cour du Louvre aux accents de l’Hymne à la joie. Vive le despote, adieu la démocratie.

 

 

premier tour        5 décembre 1965

deuxième tour    19 décembre 1965

voix

% inscrit

% exprimé

voix

% inscrit

% exprimé

de Gaulle

10.828.523

37,45

44,65

13.083.699

45,27

55,20

Mitterrand

7 694 003

26,61

31,72

10 619 735

36,74

44,80

Lecanuet

3 777 119

13,06

15,57

 

Tixier-Vignancour

1 260 208

4,36

5,20

Marcilhacy

415 018

1,44

1,71

Barbu

279 683

0,97

1,15

 

Les résultats ci-dessus montrent que même de Gaulle n’obtient que 37,45% des inscrits au premier tour et n’augmente son score que de 8% au deuxième, élu ainsi par une minorité de l’ensemble des citoyens. Si on se reporte aux résultats des seconds tours de toutes les présidentielles (y compris celle avec de Gaulle), on constate une assez grande homogénéité avec quelques divergences :

    tous les présidents élus sont restés en dessous de la barre de la moitié des inscrits (entre 37% et 45%) sauf Chirac en 2002 (62%), qui était opposé à Jean-Marie Le Pen,

    passant d’environ 15% à 25%, le nombre des “abstentions, votes nuls et votes blancs“ va croissant avec le temps,, avec deux pointes : une à 35% en 1969 ( Pompidou-Poher ), l’autre à 34% en 2017 ( Macron- Marine Le Pen ), caractérisée aussi par un doublement des votes nuls et  blancs ( 8,6%)

 

Ceci montre que le président choisi n’est qu’un pis-aller minoritaire. La stratégie des candidats est donc de se démarquer le plus possible dès le premier tour de façon à apparaitre comme un recours au second tour. C’est la stratégie du “c’est moi ou le chaos“, inaugurée par de Gaulle lui-même. Le plébiscite se réduit à se prononcer pour une personne ou pour le chaos, il ne peut que rejeter le chaos.

 

Cette alternative marque toute la vie politique où ceux qui sont au pouvoir ne cessent de focaliser les débats sur leurs adversaires que ce soit un mouvement populaire ou un possible candidat crédité de bons sondages  (Gilets jaunes, Marine Le Pen, Zemmour). Pour les discréditer, on ne parle plus que de leurs débordements ou de leurs petites phrases. Ainsi va la Vème République sans la moindre délibération responsable sur les sujets politiques.

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7 novembre 2021 7 07 /11 /novembre /2021 10:55

 

Pourquoi ce nouveau livre ?

 

Effectivement cette question se pose pour un livre qui est la collection  de divers articles rédigés depuis 2011. J’ai tenu à sortir des analyses générales pour braquer la lumière de mon modèle historique sur la société actuelle.

 

Pourquoi lui avoir donné ce titre ?

 

Il désigne l’imposture fondamentale, la pilule administrée au peuple pour lui faire avaler le pouvoir des compétents : l’économie serait une science dont la classe dominante détiendrait les clés. Les décisions politiques sont devenues incontestables puisque scientifiques et tous les présidents se couvrent du drapeau de l’économie. Par exemple : après la crise du Covid,, un seul souci  la relance de l ‘économie.

 

En quoi un modèle historique est-il à même d’apporter de nouvelles perpectives ?

 

Personne ne connaît l’avenir et les questions économiques dépendent de tant de paramètres que ceux qui présentent un programme sont des imposteurs. En revanche, le passé et le présent sont appréhendables. Pour les comprendre, la démarche logique est d’essayer de les inclure dans un modèle. Les décisions politiques sont alors des expériences destinées  à poursuivre ou  à changer le modèle, chacun pouvant ensuite constater si elles ont eu l’effet escompté. Sinon, on agit dans l’immédiat pour l’immédiat et la vie politique est inexistante, voire inutile.

 

Pouvez-vous nous donner des exemples ?

 

- Mai 68, mouvement social le plus important du 20ème siècle qui a soulevé 7 millions de grévistes n’est plus vu que comme un chahut d’étudiants. On a effacé l’ardoise avec les accords de Grenelle et personne ne pose plus la question : pourquoi Mai 68, à ce moment là et dans le monde entier ?

- De même en 1948, les Nations Unies ont approuvé une déclaration universelle des droits de l’homme. Pourquoi ne plus se contenter de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 ? Les citoyens auraient-ils disparu ?

- Monsieur Carlos Ghosn reçoit une rémunération de l’ordre de 1 000 fois celle de la plupart des salariés . Au nom de quoi ?

- Politiciens et médias nous bassinent avec la démocratie et acceptent sans vergogne, de voir la souveraineté du peuple bafouée par les institutions de la Vème République. Pourquoi ?

 

Il est impossible dans le cadre de cet entretien de poursuivre cet inventaire qui est d’ailleurs l’objet de mon livre.

 

Oui; mais n’est-ce pas déja trop ambitieux de vouloir inclure dans un modèle ne serait-ce que les quatre questions évoquées ?

 

Ce n’est pas une question d’ambition mais de compréhension de l’Histoire. Peut-on admettre comme Hegel qu’elle a une logique et comme Marx et Engels que son moteur est la lutte des classes issues de la division sociale du travail ? Dès les premiers paragraphes de mon livre, je me rallie à cette philosophie mais en soulignant que nous ne sommes plus au 19ème siècle. L’automatisation des tâches matérielle et la numérisation des informations ont bouleversé la division du travail, la bureaucratie des sociétés anonymes les dirige en lieu et place des propriétaires, la contradiction “compétents-exécutants“ s’est substituée à la contradiction “bourgeois-prolétaires“. Ces réalités sont ignorées par une idéologie caduque, héritée du 19ème siècle. Institutions et médias maintiennent le peuple dans son aveuglement sur son aliénation. Mon livre tente d’entr’ouvrir quelques  fenêtres.

 

 

 

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